Entre 2016 et 2022 je me suis rendue à plusieurs reprises au Mexique à la même période de l’année pour accompagner la famille Carrillo du peuple Wixarika dans son pèlerinage.
Ils appartiennent à un peuple ancien qui a survécu au passage du temps, aux civilisations et aux différents processus de colonisation qui ont traversé leur sol ; un peuple qui malgré l’influence inévitable de la société actuelle avec ses technologies et sa vitesse de vie, résiste et tente de rester lié à sa tradition, à ses origines et à son territoire.
Pour eux, la mémoire ne se construit pas comme pour nous. Leur langue n’a pas d’écriture, leurs bâtiments, maisons et lieux de culte ne perdurent pas dans le temps de manière indélébile. Au contraire, la possibilité de renouveler les structures et de transformer les lieux de culte tous les 5 ans fait partie intégrante de leur mode de vie.
Le peuple Wixarrika se rend chaque année de la Sierra Madre, son lieu de résidence dans l’État mexicain de Nayarit, au désert de Wirikuta pour se souvenir de l’origine de son monde, de sa culture : faire des offrandes, remercier les bienfaits reçus au cours de l’année et demander de l’aide pour le nouveau cycle. Ce périple, qui dure plusieurs jours, leur permet de renouer avec leur source première, le territoire d’où provient leur nourriture, qui est aussi leur médecine.
Photographie : Natalia Zamudio ©